![]() |
![]() |
![]() |
EN | ||
* ** *** Relevés des émigrants (hors Europe) originaires de Franche-Comté *** ** * |
Commune : | Nans (Les) (39) |
Département : | France |
Date de l'acte : | 14/01/1850 |
Intervenant 1 : | |
Nom : | BENOIT Joseph Paul Augustin |
Sexe : | Masculin |
Origine : | Nans (Les), Jura (39), Franche-Comt |
Date de naissance : | 14/01/1850 |
Profession : | religieux historien, missionnaire |
Parents : | |
Nom du père : | BENOIT GUYOD Charles François Emmanuel |
Nom de la mère : | BLONDET Claudine Euphrasie |
Références : | |
Commentaire général : | Famille ** ZZZ Patronymes commençant par B ** Variantes du patronyme : BENOIT-GUYOD Naissance : 14 jan. 1850 Nans (Les) Jura (39) Franche-Comté Décès : 19 nov. 1915 Saint-Chamond Loire (42) Rhône-Alpes ------------------------------------------------------------------------------- * ** *** Commentaires généraux *** ** * D'après : - Robert GRECO - Renée TELHA Voir le 'Dictionnaire biographique du Canada : Document1 BENOIT PAUL (baptisé Joseph-Paul-Augustin) prêtre chanoine régulier de l’Immaculée-Conception professeur écrivain et missionnaire colonisateur né. le 14 janvier 1850 aux Nans France fils de Charles Benoit cultivateur et d’Euphrasie Blondet décédé le 19 novembre 1915 à Saint-Chamond France. Élevé aux Rousses dans le Jura français Paul Benoit y reçoit une éducation « vaguement teintée de rigorisme » et il gardera pour toujours l’empreinte de son entourage catholique royaliste et traditionaliste. Il fréquente les petits séminaires et le grand séminaire de sa région natale puis le séminaire français de Rome où il accède au sacerdoce en 1874. Dans la même année il est reçu docteur en philosophie de l’université grégorienne et docteur en théologie du collège Saint-Thomas à la Minerve. Il devient alors professeur au grand séminaire de Lons-le-Saunier en France et directeur de l’établissement dès son arrivée. En 1877 Benoit est agrégé à la congrégation des Chanoines réguliers de l’Immaculée-Conception fondée par dom Adrien Gréa en 1866 dans le but de restaurer un mode de vie répandu dans l’Église primitive les religieux axent leur vie commune sur la liturgie la mortification et se vouent en plus aux tâches paroissiales propres au clergé séculier. En 1884 dom Benoit devient maître du noviciat directeur des études de l’institut et « le premier conseiller » du supérieur avec qui il se lie d’une amitié indéfectible. Il se révèle un intellectuel doté d’une grande puissance de travail et d’un « esprit dogmatique » posé et inébranlable dans ses convictions. Adversaire résolu des idées libérales portées au compte de la maçonnerie surtout il consacre à cette dernière deux volumes de sa somme la Cité antichrétienne au XIXe siècle. Séduit par la polémique il lutte par le verbe par la plume contre le rationalisme le modernisme le laïcisme et toutes « les erreurs modernes ». Alors que le gouvernement français se signale vers 1880 par l’introduction dans la vie pratique quotidienne de l’héritage républicain l’Amérique française reste aux yeux de dom Benoit une terre d’élection d’autant plus qu’il a autrefois connu quelques-uns de ses ecclésiastiques allés parfaire leurs études à Rome. Dès 1887 il amorce des rapports avec Auguste Bodard secrétaire de la Société d’immigration française au Canada et peu après ébauche le projet d’une fondation au Nouveau Monde. À l’été de 1890 dom Benoit débarque à Québec en voyage exploratoire qui le conduit à la fin jusque dans la future Saskatchewan. Il reconnaît dans l’Amérique française « la véritable France ». Se trouvant de la sorte confirmé dans ses vues il jette son dévolu sur des terres incultes des Prairies dans le Manitoba ouvert au peuplement. Rentré au pays il lance une circulaire en France de l’Est et dans la Suisse romande pour recruter des montagnards disposés à le suivre vers ces contrées nouvelles. Dès le 14 mai 1891 il installe un premier convoi (3 religieux et 44 laïques) dans la région dite de « la montagne de Pembina ». Bien que l’église et le prieuré sitôt construits aient été rasés dans un incendie et que dom Benoit ait perdu dans les flammes « plusieurs ouvrages en préparation » il ne se laisse pas abattre : un mois plus tard une construction nouvelle est en marche. Il obtient dès 1891 l’érection canonique de la paroisse Notre-Dame-de-Lourdes. D’autres convois aident encore au cours des années suivantes à faire de la fondation la paroisse rurale de langue française la plus considérable de l’archidiocèse de Saint-Boniface avec une population en 1910 de 1 247 habitants. Une deuxième colonie Saint-Claude érigée en paroisse en 1895 devient une fondation très prospère. Deux autres connaissent moins de succès. Alors que dom Gréa a fait du supérieur son délégué pour toutes les maisons du Nouveau Monde les Chanoines réguliers en viennent à desservir jusqu’à 12 paroisses et 10 missions dans le sud du Manitoba. Ils établissent aussi des maisons à Bonne Madone (Saskatchewan) et à Vegreville (Alberta) ainsi qu’à Nominingue (Lac-Nominingue Québec). De quatre qu’ils étaient à l’établissement de Notre-Dame-de-Lourdes en 1891 leur nombre s’élève à 45 en 1902. Néanmoins le recrutement local demeure faible en effet les confrères de dom Benoit sont presque tous venus de France indice des difficultés de dom Benoit à retenir des jeunes gens du pays. Plusieurs à la vérité dont Gréa et Mgr Adélard Langevin taxent le supérieur de sévérité et d’intransigeance dans le maintien des observances canoniques. Cependant dom Benoit peut compter sur l’amitié profonde de l’archevêque dès son accession au siège de Saint-Boniface en 1895. S’ensuivent 20 années de collaboration entre le prélat et le curé aux vues analogues malgré des caractères on ne peut plus divers. En 1890 l’Assemblée législative du Manitoba a édicté des lois qui créent un système d’enseignement non confessionnel privant ainsi les écoles catholiques des fonds publics [V. Thomas Greenway*]. Cependant dès 1898 dom Benoit instaure à Notre-Dame-de-Lourdes un modus vivendi par lequel il accepte que les cinq écoles de la paroisse soient désignées « nationales » ou publiques de son côté le département de l’Éducation se résout en raison de l’influence politique de dom Benoit à fermer les yeux sur le fait que l’on enseigne le français et la religion dans ces écoles. Cet arrangement précaire se répand dans l’archidiocèse mais ce modus vivendi va sombrer sous un nouveau souffle d’intolérance en 1916. Entre-temps dom Benoit livre de précieux rapports statistiques sur ses fondations lance de nombreuses charges contre « les erreurs modernes » publie encore parfois des études sur des questions d’histoire ecclésiastique. Il fournit ainsi d’abondantes colonnes à une vingtaine de périodiques tant en Suisse et en France que sur les bords du Saint-Laurent et dans les Prairies. Il ne recule pas devant la préparation de la Vie de Mgr Taché archevêque de St-Boniface en deux épais volumes ouvrage auquel il consacre ses énergies de 1900 à 1904. Toutefois en 1906 une volonté de modernisation issue de la maison des Chanoines réguliers de l’Immaculée-Conception à Rome apporte des adoucissements à la règle de l’institut. Dom Benoit qui s’oppose aux réformes est destitué le 28 mars 1910 de ses charges de supérieur de la congrégation au Nouveau Monde et de curé de Notre-Dame-de-Lourdes et il doit aller s’installer à la retraite à Saint-Léon tout près dans « le plus grand chagrin de [sa] vie ». Sous son impulsion les religieux de la montagne de Pembina sauf ceux de Notre-Dame-de-Lourdes passent au clergé séculier de l’archidiocèse. Benoit escomptant que des changements survenus dans les hautes sphères de l’Église permettront aux partisans de Gréa de rétablir un institut première manière passe à Rome en 1915 pour défendre ce point de vue. Rentré dans son pays natal il meurt cette année-là pendant qu’il prêche une retraite et attend de connaître les suites de ses interventions. La restauration qu’il avait désirée ne se réalisera jamais. D’abord inhumée aux Rousses la dépouille de Benoit est rapportée en 1925 auprès de ses paroissiens de Notre-Dame-de-Lourdes. Après avoir fondé des paroisses florissantes aujourd’hui encore dom Paul Benoit avait dû renoncer à son rêve d’effectuer d’autres fondations et de reconquérir les Prairies à la francité. La greffe de son institut en terre d’Amérique a constitué un succès mitigé. Le modus vivendi qu’il avait instauré pour résoudre la question des écoles du Manitoba s’écroulerait peu de temps après son départ. Il a rédigé plusieurs ouvrages mais quelques-uns de ces volumes ont dû être soldés et d’autres n’ont guère trouvé la faveur des lecteurs. Il n’en demeure pas moins que par ses activités cet apôtre de la colonisation chef de file écrivain et surtout conseiller fort écouté de Langevin a pesé lourd sur un territoire aussi vaste que son Jura natal et laissé une marque indélébile dans l’histoire des Prairies. ************ Maurice Dupasquier ----------------------------------------------------------------------------------------------------------- Les documents rédigés par dom Paul Benoit qui a soutenu un commerce épistolaire étendu avec ses contemporains sont répandus dans de nombreux dépôts d’archives dont on trouvera la liste partielle dans notre thèse intitulée « Dom Paul Benoit et le Nouveau Monde 1850–1915 » (thèse de d. ès l. Univ. Laval 1970). Cette liste est incomplète parce qu’un certain nombre de documents restent fermés aux chercheurs et que d’autres sont venus au jour depuis la préparation de notre thèse. [m. d.] Outre ses rapports statistiques qui y sont aussi énumérés et ses principaux articles de revues et de journaux dom Benoit a laissé plusieurs ouvrages dont quelques-uns inédits et huit publiés : la Cité antichrétienne au XIXe siècle (4 vol. Paris 1885–1886 la première partie les Erreurs modernes en 2 volumes a été rééditée en 1887 et une 4e édition refondue et augmentée a paru en 1894 une traduction en espagnol a été publiée à Barcelone Espagne en 1888) la Vérité sur Voltaire (Lons-le-Saunier France 1887) Histoire de l’abbaye et de la terre de Saint-Claude (2 vol. Montreuil-sur-Mer France 1890–1892) l’Anglomanie au Canada : résumé historique de la question des écoles du Manitoba ([Trois-Rivières Québec] 1899) Vie de Mgr Taché archevêque de St-Boniface (2 vol. Montréal 1904) le Jeune Dom Paul Benoit ([Lyon France 1916]) la Vie des clercs dans les siècles passés [...] (Paris [1917]) et Vie populaire de saint Claude (Besançon France 1924). B.-M. Berthet « Dom Paul Benoit (1850–1915) » Soc. d’émulation du Jura Mémoires (Lons-le-Saunier France) 12e sér. 13 (1945) : 101–121.— « Feu le R.P. Dom Paul Benoit » et « Dom Paul Benoit » les Cloches de Saint-Boniface (Saint-Boniface Manitoba) 14 (1915) : 383–388 et 15 (1916) : 116–120 129–132 respectivement.— Donatien Frémont les Français dans l’Ouest canadien (Winnipeg 1959).— Antoine Gaborieau Un siècle d’histoire : Notre-Dame-de-Lourdes (Manitoba) 1891–1990 (Notre-Dame-de-Lourdes 1990).— [A.-G.] Morice Histoire de l’Église catholique dans l’Ouest canadien du lac Supérieur au Pacifique (1659–1915) (2e éd. 4 vol. Saint-Boniface et Montréal 1921–1923). Bibliographie générale © 1998–2023 Université Laval/University of Toronto |
Crédits : | |
ID du déposant : | DAVID Gilles |
Gestion : |